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Texte rédigé par Witold ZahorskiDirecteur Adjoint de la BPP (...) Lâme donne la vie. Et cest justement cette âme qui donne la vie à lhomme, à la nation, à la Patrie, quils ont essayé de réveiller en la maintenant, en la développant et en créant des chefs-doeuvre de la culture polonaise : dans la prose, la poésie, la musique, lart, en organisant des conférences, en mettant en place des bibliothèques la Bibliothèque Polonaise de Paris bien connue, malgré de nombreuses difficultés quelle tente de surmonter, poursuit ces traditions et constitue un centre culturel polonais important en Occident. (Extrait de lallocution du Saint-Père Jean-Paul II aux Polonais sur le Champ de Mars le 31 mai 1980) Lorsque la Bibliothèque Polonaise est créée en 1838 à Paris, on peut se poser la question suivante : pourquoi nos prédécesseurs de la Grande Emigration ont-ils choisi une bibliothèque sur le territoire français comme forme daction politique contre loppression? Après lécrasement de lInsurrection de Novembre en 1831 par le tsar Nicolas Ier, lélite de lémigration polonaise vivant à Paris avait une vue précise de la situation tragique dans laquelle se trouvait la Pologne opprimée. Julian Ursyn Niemcewicz, député au Parlement de Quatre ans et poète, sexprimait ainsi dans son appel du mois de mai 1838 : Lorsque par la violence et par la ruse des gouvernements étrangers sapent sur les terres polonaises les bases anciennes de notre existence... lorsque les trésors qui raniment les traditions du patriotisme... sont devenus la proie de linvasion, nous avons décidé délargir et délever le champ de nos activités. Grâce aux dons initiaux, on créé la Bibliothèque Polonaise qui va se développer, si Dieu le veut. La collection de livres, les archives et les collections de toutes sortes accumulées à Paris... qui se trouvent actuellement plus à labri sur une terre étrangère que sur la terre natale, deviennent et sont la propriété de la Nation Polonaise. De son côté, Leon Wodziński avait assigné lobjectif suivant à la nouvelle institution de lémigration : La France, notre patrie adoptive depuis si longtemps... quelle rassemble aussi ce que nous savions faire dans le passé et ce que nous saurons faire à lavenir... Lexistence de la Bibliothèque Polonaise de Paris ne sera pas dune utilité passagère, elle devrait servir pour toujours, même dans les moments heureux, à éduquer la jeunesse polonaise; elle deviendra en même temps une source pour les étrangers, où des écrivains dautres pays, au courant de si peu de choses à notre sujet, pourront puiser... construite grâce aux maigres deniers de nos exilés et dressée pour les scientifiques à venir, elle sera la mémoire de notre errance. Aucun nom ne manquera au sein de la Grande Emigration pour répondre aux appels de lépoque : les poètes Adam Mickiewicz, Juliusz Słowacki, Zygmunt Krasiński, Cyprian Norwid, Bogdan Zaleski; les historiens Joachim Lelewel, Teodor Morawski, Walerian Kalinka; les héros des guerres napoléoniennes et des insurrections, les généraux Karol Kniaziewicz, Józef Bem, Henryk Dembiński, Józef Dwernicki; le président du Conseil National, le prince Adam Czartoryski; les savants et les écrivains Ignacy Domeyko, Maurycy Mochnacki, Julian Klaczko, Feliks Wrotnowski; les prêtres résurrectionnistes Tomasz Jełowicki, Piotr Semenenko, Hieronim Kajsiewicz; les artistes Antoni et Władysław Oleszczyński, Teofil Kwiatkowski, Henryk Rodakowski; les musiciens Frédéric Chopin, Albert Sowiński. Très souvent ces mêmes personnalités vont léguer à la nouvelle Bibliothèque Polonaise leurs collections de livres de valeur, acceptées alors par la Société dAide Scientifique et la Société Littérairela Mission Polonaise en 1830-31, les mémoires des participants à lInsurrection de Novembre et des organisations de lémigration (par ex. lInstitution Honneur et Pain), les transcriptions sur lhistoire de Pologne en provenance des archives londoniennes et parisiennes. Polonaise. Le premier don important fut celui de la collection de G. Malachowski. Suivirent ensuite les collections de J. U. Niemcewicz, K. Kniaziewicz, J. Bem, S. Barzykowski. De nombreux livres, imprimés et manuscrits continuaient daffluer : de la part du sénateur M. Wodzinski, la collection de livres du colonel Szulc, les actes du parlement des années 1830-31, les archives de létat-major général de lArmée Polonaise, de Finalement, les émigrés se faisaient le devoir de déposer à la Bibliothèque tout ce quils avaient emporté du pays ou réuni dans leur exil. Les ouvrages étaient également envoyés de Pologne, adressés par des éditeurs ou leurs auteurs. Des livres dauteurs polonais en langue polonaise ou dans leur traduction française arrivent encore aujourdhui. On procédait aussi à leur achat (notamment lors des ventes aux enchères) dans la limite des possibilités financières réduites. |
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