Se meurent jeunes les élus de Dieu.

A l’instar de Schubert, mort à 31 ans, ou de Wilhelm Müller – à 33 ans, ou encore de Novalis – à 29 ans, la vie de Halina Poświatowska fut brève. Née en 1935, elle décédera 32 ans plus tard, laissant derrière elle plus de 500 poèmes, quelques pièces de théâtre, des nouvelles, des contes d’enfant, des lettres, des traductions de la poésie américaine et française (notamment Paul Eluard et Jacques Prévert). Consciente de son endocardite et de la menace constante de l’aggravation de son état, Halina Poświatowska vivait plus rapidement que les autres : mariée à 18 ans, veuve à 20, diplômée du prestigieux Smith College à Northampton à 24, master en philosophie à 26, chargée des cours à l’Université Jagellon la même année, le tout ponctué par les parutions successives des recueils de ses poésies.

Il n’est pas étonnant que ce soit le dialogue entre l’amour et la mort qui marque les vers de Halina Poświatowska. Sujet universel, les grands tabous de l’humanité : Eros et Thanatos trouvent dans ses poèmes une dimension particulière qu’on dirait apprivoisée. Frêle et presque juvénile, à la fois simple et étrangement juste, facilement accessible et magistralement musicale, la poésie de cette jeune femme a su s’imposer comme le reflet d’une expérience personnelle – celle de la maladie et de la souffrance, empreinte néanmoins d’un érotisme subtil dans et par lequel s’affirme l’amour de la vie.

De son vivant, la poésie de Halina Poświatowska a servi de canevas aux nombreux compositeurs, à commencer par Tadeusz Baird (1928-1981). Cette fois-ci sa poésie a servi d’’inspiration à toute une pléthore de compositeurs contemporains. Entre la mélodie et la chanson, dans ce concert-spectacle intitulé « Je passerai, tu passeras… » Izabela Połońska – chant, Katarzyna Zając-Caban – soprano et Aleksandra Nawe – piano vous feront cheminer à travers l’univers poétique raffiné et délicat de Halina Poświatowska.